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Les visées de la papautéL‘attitude des protestants envers l’Eglise de Rome
est infiniment plus favorable aujourd’hui qu’autrefois. Dans les pays où le
catholicisme est en minorité, et où il se fait conciliant pour étendre son
influence, l’indifférence est de plus en plus grande à l’égard des
doctrines qui le séparent des églises réformées. On en vient même à penser
qu’en définitive les divergences sur les questions vitales ne sont pas aussi
considérables qu’on l’avait supposé, et que certaines concessions de la
part du protestantisme permettraient une entente avec la hiérarchie. Il fut un
temps où les protestants attachaient une grande valeur à la liberté de
conscience acquise à grand prix. Ils inculquaient à leurs enfants l’idée
que la recherche d’un accord avec Rome équivalait à une infidélité à l’égard
de Dieu. Combien les choses ont changé ! Les défenseurs de Rome prétendent que leur Eglise a été
calomniée, et le monde protestant est enclin à les croire. Plusieurs déclarent
qu’il est injuste de tenir l’Eglise On oublie la prétention à l’infaillibilité maintenue
par la hiérarchie au cours de huit siècles, prétention qui, loin d’être
abandonnée, a été proclamée au dix-neuvième siècle Jamais l’Eglise n’abandonnera sa prétention à
l’infaillibilité. Tout ce qu’elle a fait contre ceux qui refusaient
d’accepter ses dogmes, elle le considère comme légitime. N’agirait-elle
pas de même si l’occasion s’en présentait ? Que viennent à tomber les
restrictions qui lui sont actuellement imposées par les gouvernements ; que
Rome vienne à recouvrer son ancienne puissance, et l’on ne tardera pas à
voir se réveiller son esprit tyrannique et ses persécutions. Un auteur connu s’exprime comme suit touchant
l’attitude de la hiérarchie papale à l’égard de la liberté de conscience
et des dangers que fait courir le succès de sa politique en particulier aux
Etats-Unis : “ Il ne manque pas de gens enclins à attribuer au
fanatisme ou à l’enfantillage les craintes qu’inspirent les progrès
frappants du catholicisme aux Etats-Unis. Ces personnes ne voient rien dans le
caractère et l’attitude du romanisme qui soit contraire à nos libres
institutions, et elles n’aperçoivent rien de bien menaçant dans ses progrès.
Comparons donc quelques-uns des principes fondamentaux de notre gouvernement
avec ceux de 1’Eglise catholique. ” La Constitution des Etats-Unis garantit la
liberté de conscience. Rien n’est plus précieux ni plus fondamental. Le
pape Pie IX, dans son encyclique du 15 août 1854, dit ceci : ” Les doctrines
absurdes, erronées ou extravagantes favorables à la liberté de conscience
sont une erreur pestilentielle, une peste des plus redoutables pour un Etat.”
Le ” Le ton pacifique de Rome aux Etats-Unis n’implique
pas nécessairement un changement de convictions. Elle est tolérante là où
elle est impuissante. L’évêque O’Connor a dit : “ La liberté religieuse n’est tolérée
que jusqu’au moment où l’on pourra faire le contraire sans péril pour le
monde catholique. ” L’archevêque de Saint-Louis dit, d’autre part : “
L’hérésie et l’incrédulité sont des crimes ; aussi, dans des pays chrétiens,
comme l’Italie et l’Espagne, par exemple, où chacun est catholique, et où
la religion catholique fait
essentiellement partie des lois, elles sont punies à l’égal des autres
crimes. ” ” Tout cardinal, archevêque et évêque de l’Eglise
catholique prête au pape un serment de fidélité, serment dans lequel se
trouvent les paroles suivantes : “ Je persécuterai et poursuivrai de toutes
mes forces les hérétiques, les schismatiques, et tous les rebelles à notre
dit seigneur [le pape] ou à ses successeurs . ” (Dr Josiah Strobg, Our
Country, ch. V.) Il est vrai qu’il y a dans la confession catholique des
chrétiens authentiques. Des milliers de membres de cette église servent Dieu
au plus près de leur conscience et de leurs lumières. Comme on ne leur permet
pas de lire l’Ecriture, ils ne peuvent connaître la vérité. Ils n’ont
jamais vu le contraste existant entre un culte spontané et l’accomplissement
d’une série de cérémonies. Dieu entoure d’une tendre compassion ces âmes
instruites, malgré elles, dans une foi erronée et trompeuse. Il veillera à ce
que des rayons de lumière dissipent les ténèbres qui les enveloppent ; il
leur révélera la vérité telle qu’elle est en Jésus, et elles se rangeront
un jour en grand nombre parmi son peuple. Mais le catholicisme, en tant que système, n’est pas
plus près de l’Evangile maintenant qu’à aucune autre période de son
histoire. Si les églises protestantes n’étaient pas plongées dans de
profondes ténèbres, elles discerneraient les signes des temps. L’Eglise
romaine poursuit de vastes projets. Elle use de tous les moyens pour élargir le
cercle Les protestants ont fraternisé avec le papisme ; ils lui
ont fait des concessions dont les catholiques sont eux-mêmes surpris, et
qu’ils ne comprennent pas. Ils ferment les yeux sur la vraie nature du
romanisme ainsi que sur les dangers qu’entraînerait sa suprématie. Les gens
doivent être réveillés en vue d’enrayer les progrès de ce redoutable
ennemi de nos libertés civiles et religieuses. Beaucoup de protestants s’imaginent que la religion
catholique n’est pas attrayante et que son culte ne se compose que d’une série
de cérémonies fastidieuses. C’est une erreur. Bien qu’elle repose sur une
base fausse, ce n’est pas une imposture grossière. Le cérémonial de l’église
romaine est des plus impressionnants. Sa pompe et ses rites solennels fascinent
les sens et imposent le silence à la raison et à la conscience. Ses églises
magnifiques, ses processions grandioses, ses autels dorés, ses riches
reliquaires, ses œuvres d’art et ses sculptures exquises charment les yeux et
ravissent les amateurs du beau. L’oreille est captivée par une musique sans
égale. Les puissants accords des L’éclat du style n’est pas nécessairement
l’indice de pensées pures et nobles. Des hommes égoïstes et sensuels
peuvent avoir un goût exquis et de hautes conceptions artistiques. Aussi Satan
s’en sert-il pour faire oublier aux humains les besoins de leur âme, pour
leur faire perdre de vue la vie future, les détourner de leur puissant
Protecteur et les engager à ne vivre que pour ce monde. Une religion tout extérieure est attrayante pour le cœur
naturel. Le faste et les cérémonies du culte catholique ont une puissance de séduction
et de fascination qui pousse La prétention de l’Eglise au droit de pardonner est
pour beaucoup d’âmes un encouragement au péché. La confession, sans
laquelle elle n’accorde pas son pardon, tend également à autoriser le mal.
Celui qui fléchit les genoux devant un homme pécheur et lui révèle les pensées
et les secrètes fantaisies de son cœur dégrade sa virilité et avilit les
instincts les plus nobles de son âme. En dévoilant les péchés de sa vie à
un prêtre, c’est-à-dire à un mortel sujet à l’erreur —quand il n’est
pas adonné au vin et à l’impureté — l’homme échange sa noblesse
morale, contre une flétrissure. Et comme le prêtre est pour lui le représentant
de la divinité, son idée de Dieu est ravalée au niveau de l’humanité.
Cette confession dégradante d’homme à homme est la source cachée d’une
bonne partie des maux qui affligent le monde et le mûrissent pour sa
destruction finale. Néanmoins, pour celui qui aime ses vices, il est plus agréable
de se confesser à un mortel comme lui que d’ouvrir son cœur à Dieu. La
nature humaine préfère subir une pénitence plutôt que d’abandonner le péché
; il est plus facile de mortifier sa chair par le cilice et les chardons que de
crucifier ses passions. Le cœur naturel préférera bien des jougs blessants à
celui de Jésus-Christ. Il y a une ressemblance frappante entre l’Eglise de
Rome et le judaïsme des jours de Jésus. Bien que foulant secrètement aux
pieds tous les principes de la loi divine, les Les catholiques placent des croix sur leurs églises, sur
leurs autels et sur leurs vêtements. Partout la croix du Sauveur est
visiblement honorée et révérée, tandis que ses enseignements sont ensevelis
sous une masse de traditions puériles, de fausses interprétations et de rites fastidieux. Les paroles du
Sauveur concernant les Juifs fanatiques s’appliquent avec plus de force encore
aux chefs de l’Eglise catholique romaine : “ Ils lient des fardeaux pesants,
et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer
du doigt . ” (Matthieu 23 : 4.) Les âmes consciencieuses tremblent jour et
nuit à la pensée d’avoir offensé Dieu, tandis qu’un bon nombre des
dignitaires de l’Eglise vivent dans le luxe et les plaisirs sensuels. Le culte des images et des reliques, l’invocation des
saints et les honneurs rendus au pape sont des pièges de Satan dirigeant les
esprits loin de Dieu et de son Fils. En vue de consommer la ruine des âmes,
l’adversaire détourne leur attention du seul être capable d’assurer leur
salut et donne des substituts à celui qui a dit : “ Venez à moi, vous tous
qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. ” (Matthieu 11
: 28.) L’effort constant de l’ennemi tend à fausser le
caractère de Dieu, la nature du péché et ’enjeu véritable du plan du salut.
Par ses sophismes, il atténue les exigences de la loi divine et encourage le péché.
Il donne de Dieu une conception qui le fait craindre et haïr plutôt qu’aimer.
Attribuant à Dieu la cruauté de son propre caractère, il incorpore la haine
à des systèmes religieux et à diverses formes de culte. Des esprits ainsi
aveuglés, Satan fait ses instruments dans sa guerre contre Dieu. Par cette
perversion des attributs de la divinité, les nations païennes en sont venues,
pour apaiser la divinité, à pratiquer des sacrifices humains et d’autres
atrocités tout aussi horribles. L’Eglise romaine, qui a réuni les cérémonies du
paganisme à celles du christianisme, et qui, comme le paganisme, a dénaturé
le caractère de Dieu, a eu recours à des pratiques non moins cruelles et révoltantes.
Au temps de sa suprématie Rome recourait à la torture pour contraindre les
gens à souscrire à ses doctrines. Aux réfractaires, elle réservait le bûcher.
Elle organisa des massacres sur une échelle dont l’étendue ne sera connue
qu’au jour du jugement. Sous la direction de Satan, leur maître, les
dignitaires de l’Eglise étudiaient les moyens de garder leurs victimes en vie
aussi longtemps que possible tout en leur infligeant des souffrances extrêmes.
Dans bien des cas, le procédé était répété jusqu’à la dernière limite
de l’endurance humaine, au point que, la nature finissant par céder, la
victime accueillait la mort comme une douce délivrance. Tel était le sort de quiconque osait, résister à Rome.
Pour ses adhérents, elle avait la discipline du fouet, de la faim et de toutes
les austérités corporelles concevables. Pour Celui qui désire prendre sur le vif la cruauté de Satan
manifestée des siècles durant, non pas chez ceux qui n’ont jamais entendu
parler de Dieu, mais au centre même de la chrétienté, n’a qu’à lire
l’histoire du romanisme. C’est par ce système colossal de séduction que le
prince des ténèbres a réalisé son dessein de déshonorer Dieu et de plonger
les hommes dans le malheur. En voyant comme il a réussi à se déguiser et à
atteindre son but par les chefs de la hiérarchie romaine, on comprend mieux son
antipathie pour les Ecritures. En effet, la Bible révèle à ceux qui la lisent
la miséricorde et l’amour de Dieu ; elle les amène à comprendre que le Père
céleste n’impose à l’homme aucune de ces souffrances, mais qu’il lui
demande seulement un cœur humilié et contrit, un esprit humble et obéissant. La vie de Jésus ne montre pas que, pour se préparer à
aller au ciel, il soit utile de s’enfermer dans un monastère. Le Christ n’a
jamais demandé à ses disciples d’étouffer les sentiments d’affection et
de sympathie. Son cœur débordait d’amour. Plus on approche de la perfection
morale, plus on devient sensible, plus on a le sentiment de son péché, plus
grande est la sympathie qu’on éprouve pour les affligés. Le pape se dit le
vicaire de Jésus-Christ; mais en quoi son caractère se rapproche-t-il de celui
du Sauveur ? Le Christ a-t-il jamais fait emprisonner ou torturer des gens pour
ne l’avoir pas reconnu comme Roi du ciel ? A-t-il jamais condamné à mort
ceux qui ne le recevaient pas ? Lorsqu’un jour un village samaritain refusa
l’hospitalité à Jésus, l’apôtre Jean, rempli d’indignation, s’écria
: “ Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les
consume ? ” Jésus, jetant sur son disciple égaré un regard de compassion, L’Eglise romaine se présente aujourd’hui devant le
monde sous un air de candide innocence et couvre d’apologies le récit de ses
cruautés. Mais sous sa livrée chrétienne, elle est inchangée. Tous les
principes professés autrefois par la papauté sont encore les siens. Elle
conserve des doctrines inventées dans les siècles les plus enténébrés. Que
personne ne s’y trompe. La papauté à laquelle le monde protestant est
aujourd’hui si enclin à rendre hommage est encore celle qui dominait sur le
monde aux jours de la Réformation, alors que des hommes de Dieu dénoncèrent
ses iniquités au péril de leur vie. Elle maintient toujours les prétentions
orgueilleuses qui la poussèrent à s’élever au-dessus des rois et des
princes, comme à se réclamer des prérogatives de la divinité. Elle n’est
ni moins cruelle ni moins despotique qu’aux jours où elle supprimait la
liberté humaine et livrait à la mort les saints du Très-Haut. La papauté est exactement ce que la prophétie a dit
d’elle: l’apostasie des derniers jours (voir 2 Thessaloniciens 2 : 3, 4). Sa
tactique consiste à se présenter sous le déguisement qui convient le mieux à
ses desseins ; mais sous les dehors variés du caméléon, elle conserve
toujours le venin du serpent. “ On n’est pas tenu de garder la foi jurée à
des hérétiques ou à des suspects d’hérésie
” (Lenfant, History of Council of
Constance, vol. I, p, 516 - éd. de 1728), dit-elle. Son histoire millénaire,
est écrite avec le sang des saints : comment la reconnaître comme un membre de
la famille chrétienne ? Ce n’est pas sans raison que l’on a affirmé dans les
pays protestants que le catholicisme diffère moins du protestantisme que par le
passé. Il y a eu un changement, mais ce n’est pas le fait de la papauté. Le
catholicisme ressemble, en effet, beaucoup au protestantisme actuel ; mais
c’est parce que celui-ci s’est écarté de ses origines. Dans la mesure où les églises protestantes ont recherché
la faveur du monde, elles ont été aveuglées par une fausse charité. Pourquoi, disent-elles, le bien ne
sortirait-il pas du Beaucoup, même parmi ceux qui n’ont pas de Rome une
opinion favorable, redoutent peu sa puissance et son influence. Plusieurs
affirment que les ténèbres intellectuelles et morales du Moyen Age
favorisaient ses dogmes, ses superstitions et son oppression, mais que les lumières
supérieures des Temps Modernes, telles la diffusion générale des
connaissances et la largeur de nos vues en matière religieuse, bannissent le
danger d’un réveil de l’intolérance et de la tyrannie. On se rit de l’idée
que le retour d’un tel état de Une étude de la Parole de Dieu faite avec prière
montrerait aux protestants la vraie nature de la papauté et les pousserait à
l’éviter avec soin ; mais beaucoup sont tellement sages à leurs propres yeux
qu’ils ne voient pas la nécessité de demander humblement à Dieu de les
conduire dans la vérité. Bien qu’ils soient fiers de leurs lumières, ils ne
connaissent ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. Désireux de
tranquilliser leur conscience de quelque façon, ils cherchent à cet effet les
moyens les moins spirituels et les moins humiliants. Ils désirent trouver une méthode
leur donnant la possibilité d’oublier Dieu tout en paraissant l’honorer. Le
catholicisme répond exactement à leurs besoins. Il est, en effet, conforme aux aspirations de deux
classes de gens entre lesquelles se répartit à peu près toute l’humanité :
ceux qui veulent se sauver par leurs mérites, et ceux qui veulent se sauver
dans leurs péchés. C’est là le secret de sa puissance. L’histoire prouve qu’un temps d’ignorance et de ténèbres
a été favorable à la papauté. L’avenir montrera qu’un siècle de grandes lumières
intellectuelles lui est également propice. Dans les siècles passés, alors que
le monde n’avait pas accès à la Parole de Dieu, des milliers tombaient dans
les pièges de Rome, faute de voir les filets tendus sous leurs pas. De nos
jours, beaucoup de gens, éblouis par les théories d’une “ fausse science
” , ne discernent pas le piège et y tombent aussi aisément que s’ils étaient
aveugles. Dieu veut que nous considérions nos facultés intellectuelles comme
un don de notre Créateur et que nous les mettions au service de la vérité et
de la justice. Mais lorsqu’on se livre à l’orgueil et à l’ambition et
que l’on met ses théories au-dessus de la Parole de Dieu, l’intelligence
peut faire plus de mal encore que l’ignorance. Ainsi, la fausse science de nos
jours, qui sape la foi aux Ecritures, contribuera tout autant à préparer le
chemin aux succès futurs de la papauté, avec ses cérémonies pompeuses, que
les ténèbres du Moyen Age. Dans le mouvement qui se dessine aux Etats-Unis pour
assurer l’appui de l’Etat aux institutions et aux usages de l’Eglise, les
protestants emboîtent le pas derrière les Si le lecteur veut se rendre compte des moyens qui seront
mis en œuvre dans le conflit qui se prépare, il n’a qu’à lire
l’histoire des mesures employées par Rome à
cet effet au cours des siècles passés. S’il désire savoir comment papistes
et protestants traiteront ceux qui méconnaîtront leurs dogmes, qu’il
s’instruise sur la manière dont Rome a traité le sabbat de 1’Eternel et
ses défenseurs. Des édits royaux, des décisions de conciles généraux,
des ordonnances de l’Eglise appuyées par le pouvoir séculier, tels sont les
moyens qui furent employés pour donner à une fête païenne une place
d’honneur dans le monde chrétien. La première disposition légale en faveur
du dimanche fut l’édit de Constantin. (En 321 de notre ère. Voir Appendice.)
Aux termes de cet édit, les habitants des villes devaient se reposer “
au jour vénérable du soleil ” , tandis que les gens de la campagne pouvaient
vaquer à leurs occupations ordinaires. Bien que cet édit fût virtuellement païen,
il fut promulgué par Constantin après son adhésion au christianisme. Estimant sans doute que le décret impérial n’était
pas suffisant pour suppléer à l’absence de tout ordre divin, l’évêque
opportuniste de Césarée, grand ami et flatteur de L’affermissement de la papauté et l’exaltation du
dimanche progressent parallèlement. Pendant quelque temps, les gens de la
campagne continuèrent à s’occuper de leurs On eut aussi recours aux miracles. On rapporte, entre
autres, qu’un fermier, qui se disposait un dimanche à aller labourer et qui
nettoyait sa charrue avec un outil de fer, vit cet outil s’attacher à sa main
et y rester pendant deus anx, à sa grande douleur et à sa grande honte.
(Francis West, Historical and Practical
Discourse on the Lord’s Day, p. 147.) Plus tard, le pape ordonna aux curés de paroisse de réprimander
les transgresseurs du dimanche et de les inviter à aller faire leurs prières
à l’église sous peine des pires calamités pour eux et leurs voisins. Un
synode ecclésiastique avança l’argument, si souvent employé depuis, même
par des protestants, d’après lequel des gens travaillant Les décrets des conciles ne suffisant pas, on
sollicita des autorités civiles un édit propre à jeter la terreur dans les cœurs,
et à contraindre tout le monde à suspendre ses occupations Néanmoins, l’absence de toute autorité scripturaire en faveur de ce jour
constituait une lacune embarrassante. Les fidèles contestaient à leurs
conducteurs le droit de rejeter, pour honorer le jour du soleil, cette déclaration
positive de Jéhovah : “ Le septième jour est le jour du repos de
l’Eterne1, ton Dieu. ” D’autres expédients étaient nécessaires. Vers la
fin du douzième siècle, un zélé propagateur du dimanche, visitant les églises
d’Angleterre, rencontra de fidèles témoins de la vérité qui lui résistèrent.
Il eut si peu de succès dans la défense de sa thèse qu’il quitta le pays en
quête de meilleurs arguments. Ayant trouvé ce qu’il cherchait, il revint à
la charge, et fut plus heureux. Il apportait avec lui un rouleau qu’il prétendait
être descendu directement du ciel, qui contenait le commandement ordonnant
l’observation du dimanche, accompagné de menaces terrifiantes à l’adresse
des récalcitrants. Ce précieux document — aussi faux que l’institution
qu’il était destiné à établir — était, disait-on, tombé du ciel à Jérusalem,
sur l’autel de Saint-Siméon à Golgotha.. En réalité, il provenait des
officines pontificales, à Rome, où la fraude et les faux ayant pour but la
prospérité de l’Eglise ont toujours été considérés comme légitimes. Ledit rouleau interdisait tout travail depuis la neuvième
heure (trois heures de l’après-midi), le samedi, jusqu’au lundi au lever du
soleil. Son autorité était, disait-on, attestée par plusieurs miracles. On
racontait que des personnes travaillant après les heures prescrites avaient été
frappées de paralysie. Un meunier qui faisait moudre son grain avait vu sortir,
au lieu de farine, un torrent de sang, et la roue du moulin s’était arrêtée
malgré la formidable pression de l’eau. Une femme qui avait mis sa pâte au
four la ressortit sans qu’elle fût cuite, bien que le four fût très chaud.
Une autre femme, qui était sur le point d’enfourner son pain le samedi à la neuvième heure et
qui avait décidé d’attendre jusqu’au lundi, le trouva, le lendemain, cuit
à point par la puissance divine. Un homme qui avait fait cuire du pain après
la neuvième heure le samedi, eut la surprise, quand il le coupa le matin
suivant, d’en voir sortir un flot de sang. C’est par des inventions et des
absurdités de ce genre que les partisans du dimanche s’évertuaient à lui
attribuer un caractère sacré. (Voir Roger de Hoveden, Annals,
vol.II, p. 528-530 - éd. Bohn.) En Ecosse et en Angleterre, on finit par obtenir une
grande vénération pour le dimanche en lui adjoignant une partie de l’ancien
sabbat. Mais la durée du temps à sanctifier variait. Un édit du roi
d’Ecosse déclarait qu’il fallait considérer comme saint le samedi depuis
midi, et que, “ dès cette heure jusqu’au lundi matin, personne ne devait
s’occuper En dépit de tous les efforts faits en vue d’établir
la sainteté du dimanche, des papistes eux-mêmes reconnaissaient publiquement
la divine autorité du sabbat et l’origine humaine de l’institution qui
l’avait supplanté. Une décision papale du seizième siècle déclare expressément
: “ Tous les chrétiens doivent se souvenir que le septième jour, consacré
par Dieu, fut reconnu et observé non seulement par les Juifs, mais aussi par
tous les autres prétendus adorateurs de Dieu. Quant à nous, chrétiens, nous
avons changé leur On trouve un exemple frappant de la tactique de Rome à
l’égard des insoumis dans la longue et sanglante persécution dirigée contre
les Vaudois, dont quelques-uns étaient Les chrétiens d’Ethiopie furent contraints, par un édit, d’abandonner le sabbat sous les peines les plus sévères. (Voir Church History of Ethiopia, p. 311, 312.) Mais la domination papale devint bientôt si insupportable que les Abyssins résolurent de la secouer. Après une lutte acharnée, les romanistes furent bannis de l’empire, et l’ancienne foi fut rétablie. Dès qu’elles eurent retrouvé leur indépendance, les églises africaines retournèrent à l’observation du sabbat du quatrième commandement. (Voir Appendice.) Heureuses d’avoir recouvré leur liberté, elles n’oublièrent jamais l’expérience qu’elles avaient faite de la fraude, du fanatisme et du despotisme de la puissance romaine. Elles ne demandaient pas mieux, dans leur royaume solitaire, que de rester ignorées du reste de la chrétienté. Ces récits du passé révèlent clairement l’inimitié
de Rome à l’égard du vrai sabbat et de ses défenseurs, et les moyens
qu’elle emploie pour honorer l’institution qu’elle a créée. La Parole de
Dieu nous enseigne que ces scènes se répéteront lorsque catholiques romains
et protestants s’allieront pour exalter le dimanche. La prophétie du treizième chapitre de l’Apocalypse déclare
que l’autorité représentée par la bête aux cornes d’agneau obligera “
la terre et ses habitants ” à adorer la puissance du pape, symbolisée ici
par la bête “ semblable à un léopard ” . La bête à deux cornes doit
aussi ordonner “ aux habitants de la terre de faire une image à la [première]
bête ” . Elle ira même jusqu’à entraîner tous les hommes,
“ petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves ” , à
prendre “ la marque de la bête ” (Apocalypse 13 : 11-16). On a vu que la bête
aux cornes d’agneau symbolise les Etats-Unis, et que cette prophétie sera
accomplie quand ce pays imposera l’observation du dimanche, réclamée par
Rome comme la marque de sa suprématie. Mais les Etats-Unis ne seront pas seuls
à rendre cet hommage à la papauté. L’influence de cette dernière est loin
d’avoir entièrement disparu des pays ou elle exerçait autrefois son autorité.
Et la prophétie annonce la restauration de son pouvoir. “ Je vis l’une de
ses têtes comme blessée à mort; mais sa blessure mortelle fut guérie. Et
toute la terre était dans l’admiration derrière la bête. (Apaocalypse 13 :
3.) La blessure mortelle désigne
la chute du pouvoir papal en 1798. Mais, dit le prophète, “ sa blessure
mortelle fut guérie. Et toute la terre était dans l’admiration derrière la
bête. ” Paul dit positivement que l’homme de péché subsistera jusqu’au
retour du Seigneur (2 Thessaloniciens 2 : 8). Il persistera dans son œuvre de séduction
jusqu’à la fin des temps. Le voyant ajoute, en effet : “ Tous les habitants
de la terre l’adoreront, ceux dont Depuis plus d’un demi-siècle, ceux qui, aux Etats-Unis,
s’adonnent à l’étude de la prophétie, présentent au monde ce témoignage.
Les événements qui se déroulent sous L’habileté et la subtilité de l’Eglise de Rome
tiennent du prodige. Elle a le don de lire l’avenir. En voyant les églises
protestantes lui rendre hommage en acceptant son jour de repos et se préparer
à l’imposer par les moyens dont elle a usé elle-même il y a des siècles,
elle peut tranquillement attendre son heure. On verra des gens qui rejettent la
lumière de la vérité s’adresser à cette puissance soi-disant infaillible
pour soutenir une institution qu’elle a elle-même établie. Il est facile de
concevoir l’empressement avec lequel,
à cet égard, elle donnera son concours aux protestants. Qui, mieux que les
chefs de la hiérarchie, sait comment traiter ceux qui sont rebelles aux décrets
de l’Eglise ? Avec ses ramifications enveloppant toute la terre,
1’Eglise catholique romaine forme une vaste organisation destinée à servir
les intérêts du siège pontifical qui en a la direction suprême. Dans tous
les pays du globe, ses millions de communiants reçoivent l’ordre de se considérer
comme devant obéissance au pape. Quels que soient leur nationalité ou le
gouvernement dont ils relèvent, l’autorité du pape doit, pour eux, primer
toutes les autres. Ils peuvent prêter
serment de fidélité à l’Etat, mais en cas de conflit, leur serment à L’histoire raconte avec quelle persévérance la papauté
a cherché à s’ingérer dans les affaires des nations, et comment, une fois
dans la place, elle s’y est occupée de ses intérêts, sans se laisser arrêter
par la ruine des princes et des peuples. En l’an 1204, le pape Innocent III
obtint de Pierre II, roi d’Aragon, le serment extraordinaire que voici : Il est bon de se souvenir que Rome se glorifie de ne
jamais changer. Les principes de Grégoire VII et d’Innocent III sont encore
aujourd’hui ceux de l’Eglise. Si elle en La Parole de Dieu nous met en garde contre l’imminence
de ce danger. Si le monde protestant fait la sourde oreille à cet avertissement,
il ne tardera pas à savoir quelles |